Le Japon de Fabien

Fabien est coach sportif, mais avec ses 14 séjours au Pays du Soleil Levant, il pourrait tout aussi bien être guide. Pourtant, son Japon à lui n'est pas touristique : il est surprenant, parfois déroutant, mais surtout authentique.

Fabien à Tokyo

A l’heure où le pays fait de sensibles efforts pour attirer le touriste, et tente désespérément de changer la perception des français sur lui (le Japon a accueilli 28,7 millions de visiteurs en 2017 dont moins de 1% de gaulois), LA CARTE ET LE TERRITOIRE a interrogé Fabien, qui a observé et analysé cette culture qu’il aime, mais qu’il sait voir en face.

Des phrases et des idées parfois en forme d’uppercut (pas étonnant pour un boxeur), mais sûr de son fait.


A QUAND REMONTE TON PREMIER VOYAGE AU JAPON?
C’était en 2004, j’étais invité par un club de Karaté à Tokyo, le Hombu Dôjô. Il existe plusieurs styles de Karaté au Japon. J’y suis resté 2 mois mais je n’ai visité que le quartier où se situait mon école, Ikebukuro. C’est l’équivalent du quartier de l’Opéra à Paris, il y a beaucoup de magasins de marques.
Et depuis, j’y suis retourné à 13 reprises.

QU’EST-CE QUI T’A PLU DANS LA CULTURE JAPONAISE ?
Il faut savoir que la génération des hommes de 35/40 ans a baigné dans une sous-culture japonaise via des mangas comme Les chevaliers du Zodiaque, Nicky Larson, et tous ceux que le Club Dorothée diffusait. En plus de ça, moi, j’étais déjà fan de karaté. Découvrir le Japon était donc une évidence.

Mangas japonais

  La culture japonaise est attachée aux esprits, aux spectres, aux fantômes, aux mystères, y compris dans ses récents manga ou dans la production cinématographique; l’ultramoderne se juxtapose à l’archaïque. Il est sans doute, après les Etats Unis, le pays où la culture de masse s‘est imposée le plus rapidement.

Philippe Pelletier  –  Japon, crise d’une autre modernité

Quand bien même, le premier voyage là bas est franchement impressionnant, on s’en prend plein la gueule. Tout est tellement différent de chez nous.
Je ne connais personne qui m’ait dit avoir été déçu de son premier voyage là-bas.
Beaucoup de choses m’ont plu, même si j’ai compris plus tard que ce n’était que le Japon de façade : la politesse, la courtoisie des gens, un véritable sens de la collectivité (le groupe passe avant l’individu), une vraie paix sociale. C’est un pays d’ultra-services, tout le monde est à ton écoute. Dans une boutique, les vendeurs viennent vers toi sans être oppressants, et s’aident parfois d’une tablette ou d’un téléphone avec traduction automatique pour palier un problème de langue. Jamais je n’ai vu ça en France !

Japon

Lost in translation ?!

Une personne dédiée te range tes courses délicatement. Les superettes sont ouvertes en permanence, et les supermarchés jusqu'à 1h du mat. Tout est fait pour faciliter la vie du consommateur. Tu peux acheter tout à n’importe quelle heure. C’est pour ça qu’il vaut mieux avoir de l’argent…

Ceci dit, le coût de la vie n’est pas faramineux. Contrairement à ce qu’on peut penser, tout est même un peu moins cher qu’à Paris : la nourriture, le textile, les loisirs. Les hôtels sont 30 % moins chers à Tokyo qu'à Londres ou à Paris. Pour les voyageurs habitués au grand écart de tarif avec les autres pays d’Asie (Thaïlande, Indonésie, etc.) c’est sûr que le Japon est plus cher.

Ryoichi Matsuyama

La propreté aussi. Si tu fais tomber ton chewing gum par terre, tu peux le ramasser et le mettre dans ta bouche tellement c’est propre ! Le métro est nickel. Il y a un agent par station, qui passe la journée à la nettoyer. Et dans les wagons, personne ne sent mauvais…
Le taux de criminalité est très bas. A tel point que certaines boutiques de luxe n’ont pas l’air d’en être. Les codes du luxe sont balayés. Il n’y a pas de protocole de présentation comme chez nous: une belle vitrine en verre, l’espace entre les articles. Là-bas 300 Rolex et autres montres du même acabit y sont exposées, sans système de sécurité ! Il ne viendrait à l’idée de personne de les voler. Et s’il en prenait l’envie à un étranger, il n’irait pas loin…

Les yakusas – la mafia japonaise, qui contrairement à l’italienne, a pignon sur rue – jouent un rôle important dans ce maintien de l’ordre.
« Avec eux, pas de voleurs, de cambriolages, de crimes sexuels, pas de dealers arpentant les trottoirs. »
Jake Adelstein


ET A CONTRARIO, QU’EST-CE QUI TE PLAIT MOINS LÀ-BAS ?
Ce qui me déplaît dans la culture japonaise, c’est l’envers du décor. Il faut y être allé plusieurs fois ou y avoir passé du temps pour s’en rendre compte.
C’est triste à dire mais les japonais, surtout les tokyoïtes, ne sont pas des gens heureux. Comme beaucoup de pays asiatiques, la pression sociale est énorme : ils doivent réussir dans la vie. Ou du moins en acquérir les signes extérieurs. Ils ont souvent 2, 3 boulots.
Une vie lisse, en apparence parfaite, qui cache de sérieux problèmes d’alcoolisme, voire pire de dépressions qui mènent souvent au suicide.

Karoshi

L’ultra moderne solitude des hommes pressés…

karoshi

Mais comment diable les japonais réussissent-il à atteindre une telle paix sociale ?
Un élément de réponse est à chercher du côté du concept de Honne et Tatemae.
Le Honne désigne ce qui doit resté caché : le désir intime, les pensées et opinions personnelles de l'individu,
tandis que le Tatemae désigne ce que l’on montre : la pensée "unique" adaptée à la société et, par extension, le comportement japonais en public.

Honne et Tatemae


Pour résumer, dans une culture où la société prime sur l’individu, exprimer honnêtement son opinion peut nuire à l’harmonie. Ainsi, une attitude considérée comme hypocrite chez nous, sera perçue comme une marque de politesse – mieux, comme une vertu – par les japonais.

L’alcool est un exutoire aux pressions exercées par leur femme, ou par leur entreprise (allant parfois jusqu’au harcèlement hiérarchique. CF Stupeurs et Tremblements). Tous les vendredis et samedis, il n’est pas rare de croiser dans la rue un homme en costume cravate, affalé dans le caniveau, complètement torché !

Japon

Le seul moment où tu les vois faibles, c’est quand ils prennent une murge et pleurent sur ton épaule en te disant que leur vie c’est de la merde. Je l’ai vu de nombreuses fois.
Dans l’ensemble, ils ont très peu d’amis. Ils sortent le soir entre collègues dans des After Work organisés par les entreprises elles-mêmes, pour réduire les tensions. Avec des amis il est difficile de dissimuler ses faiblesses, et dans une société où tout est apparence, façade, cela présente un risque que beaucoup ne sont pas prêts à prendre. D’ailleurs, il est très rare que les gens reçoivent chez eux. Rentrer dans l’intimité des gens est délicat.

Au pays du soleil Levant, « faire l’échelle » consiste à aller de bar en bar pour vérifier à quelle hauteur il est possible de monter. (…) un pays où picoler est un art qu’il faut prendre au sérieux. Tout ce qui ne doit jamais être exprimé peut être lâché devant un verre car rien de ce qui se dit et se fait pendant ces parenthèses alcoolisées n’existera le lendemain, y compris l’atteinte à la sacro sainte hiérarchie qui régit l’ensemble des comportements privés, publics et professionnels des habitants de l’archipel.

Isabelle Artus.  La petite boutique japonaise

Les enfants sont particulièrement choyés, dans le sens où leurs parents passent beaucoup de temps à pratiquer des activités avec eux. Tout est fait pour qu’ils s’amusent. Ils savent qu’à partir du collège ils vont devoir rentrer dans le système, passer des concours, courir après les meilleures notes pour rentrer dans la bonne faculté, tout mettre en œuvre pour réussir. Si tu sors d’une grande école, même sans rien savoir faire de tes 10 doigts, tu es certain d’obtenir un job bien payé. Tout est régi par le réseautage.

Japon

Autre chose peut paraitre déroutant là bas. Dès mon 2eme séjour, j’ai découvert lé côté renfermé et clos face aux étrangers, aux gaijin. Ils te trouvent drôle mais tu resteras toujours un étranger.
Même s’il y a longtemps vécu, ou est marié avec une japonaise, un étranger ne sera jamais plus qu’un « invité ». Il ne sera jamais pleinement intégré. Peut être cela vient-il du mauvais exemple (et c’est un euphémisme) donné par la présence américaine dans le pays. Il faut savoir qu’il existe beaucoup de cas de viols, d’agressions et d’accidents liés à l’alcool sur l’île d’Okinawa, où les Etats-Unis ont une base militaire (Kaneda). Leurs soldats ne sont pas reconnus pour leur bon comportement, c’est le moins qu’on puisse dire...

Par ailleurs ce ne sont pas les européens fans de manga débarquant au Japon avec leurs cheveux verts, ou les cosplayers en tenue de Pikachu, qui vont redorer l’image du touriste…
On perçoit même un racisme anti-blanc chez l’ancienne génération. Il peut arriver que des personnes âgées pestent et râlent lorsqu’un étranger (blanc) se place à coté. Cela m’est déjà arrivé : dans le Shinkansen (le TGV japonais), une dame d’une cinquantaine d’années assise à côté de nous a passé le trajet la tête collée contre sa vitre, comme si on puait. Dès qu’on s’absentait elle arrêtait. Il est aussi arrivé qu’on me regarde de travers dans le milieu de la boxe japonaise, genre « Qu’est ce qu’il fait là lui ?! ».

Gaijin

Dans les grandes villes japonaises, des groupes ultranationalistes, dits Uyoku dantai, défilent parfois dans les rues, immédiatement reconnaissables grâce à leurs camionnettes. Leurs slogans ? « Cassez vous les étrangers ! », entre autres. L’organisation Issuikai invite Jean Marie à ses conférences... Heureusement cela reste marginal.

Uyoku dantai
Le Pen au Japon

Les bombes américaines sont encore ancrées dans les esprits. Et les soldats américains basés à Tokyo et à Okinawa entretiennent cette défiance par leur comportement. Les rapports sont très conflictuels avec eux.

Personnellement je vois les japonais comme des corses version asiatique : il ne faut pas oublier que ce sont des insulaires. Ils ne se mélangent pas, ou très peu. C’est un des peuples au monde qui s’est le moins métissé. Il a fallu attendre 2015 pour qu’un athlète japonais, métissé ghanéen, remporte les championnats du monde jeunesse en sprint.

Abdul Hakim Sani Brown

Abdul Hakim Sani Brown remporte la 1ere place en 100 et 200 mètres lors des championnats nationaux d'athlétisme.

En revanche, ils feront tout pour vous accueillir, tel l’invité que vous êtes. Lors de mon premier voyage, complètement perdu et rincé par mon voyage,
je rentre dans une épicerie, une carte approximative à la main, à la recherche de mon Dojo. L’épicier a fermé sa boutique pour me conduire directement à mon adresse ! Et comme si ca ne suffisait pas, il m’a aidé à porter mes bagages. Ca m’a marqué. Et c’est loin d’être un fait unique! Alors que vous pouvez vous estimer heureux qu’un parisien daigne seulement vous répondre si vous demandez votre chemin, le japonais, lui, est capable de vous accompagner au pied de votre destination.

Et quant à la courtoisie, elle a tout de même ses limites. Si dans le métro les gens ne se bousculent et dérangent pas les uns les autres, il ne leur viendrait pas à l’idée de laisser leur place à une femme enceinte (une application va même être lancée pour leur permettre de trouver une bonne âme acceptant de leur céder sa place !) ou à une mère avec ses enfants. Les aider à porter une poussette dans les escaliers encore moins. De toute façon, il est mal vu de se parler dans le métro. Donc chez nous, ca pousse, ca sent mauvais, ce n’est pas toujours à l’heure, mais on fait un peu plus attention à certaines choses…
Et si l’on rajoute à cela le problème des Tchikans, c'est-à-dire des frotteurs, dont le phénomène est autrement plus important là-bas que chez nous –  à tel point qu’il existe des rames spéciales (roses) pour les femmes, à l’image de Delhi ou Mexico – il faut relativiser l’ordre apparent dans les transports publics. Où est la réelle civilité ?

Métro japonais

Dans un pays aux codes sociaux si rigides, le besoin de conformisme pousse les gens à se comporter comme des moutons. C’est pour ca qu’ils achètent tous les mêmes sacs de luxe chez nous ! Plus que des accessoires de mode, ce sont de véritables marqueurs sociaux pour la classe moyenne.

QU’EN EST-IL DES RELATIONS HOMMES/FEMMES ?
Ils n’ont pas la même éducation sexuelle que nous. Il n’y en a quasiment pas.

Sexe au Japon

Il faut savoir qu’il y a plus de femmes que d’hommes car les familles préfèrent les garçons aux filles, pour que leur nom se perpétue.
Si tu n’es pas marié à 30 ans, t’es un loser. Alors le mariage est bien souvent plus un « contrat », dont le but est la reproduction et la sécurité.

Les entreprises japonaises préfèrent engager des hommes mariés que célibataires, car ils estiment que ceux-ci seront plus responsables. Par conséquent, ni les hommes trop âgés ni les célibataires de plus de 35 ans ne trouvent de travail facilement.

Il est fréquent que de jeunes gens se marient ensemble sans être sortis ensemble au préalable. Ce ne sont pas toujours des mariages arrangés à proprement parler (bien que cela existe), mais tout de même un arrangement entre célibataires à qui la société ne pardonne pas de l’être. D’ailleurs beaucoup d’hommes se marient par convention, puis prennent une maîtresse. Cela fait partie de la culture.

De nombreuses enquêtes témoignent que, tant du côté des hommes que des femmes, les liaisons hors mariage sont d’emblée imaginées, sinon tolérées, à condition d’un silence mutuel.

Philippe Pelletier  –  Japon, crise d’une autre modernité

C’est pour cela qu’il existe énormément de Love hotels (rabu hoteru), où la discrétion est de mise. Ce sont des chambres louables pour 1h, 3h ou même une semaine. Au couple de choisir son thème (ultra kitsch, psychédélique, design, ambiance Bali, Californie, etc.) et ses éventuels costumes (tenue d’écolière, costume de Dragon Ball Z, etc.). Chaque chambre a son ambiance, ses gadgets. C’est tout de même hallucinant ! Mais pas glauque heureusement.

Love Hotel

In the mood for love ?

Love Hotel

Le 7 eme ciel ?

Love Hotel

Lit carrosse et armure dans un love hotel abandonné : le WTF typiquement japonais !

Il y en a d’ailleurs un qui a ouvert à Paris.

Love Hotel

Ambiance japonaise ou indienne, parmi les chambres du Love hotel à Paris.

Love Hotel

Ces hôtels sont aussi fréquentés par des jeunes couples non mariés, qui ne sont pas autorisés à dormir ensemble chez leurs parents.
Les couples d’hommes n’y sont pas autorisés. Ils ont leurs propres Love hotels, et même si la société japonaise n’est pas homophobe (elle compte d’ailleurs beaucoup de transsexuels), on ne se mélange pas, chacun reste à sa place.
Même dans les Purikura, ces photomatons Kawaï ultra populaires qui ont inspiré Snapchat, deux hommes seuls ne seront pas autorisés.

Purikura
Purikura

La pression sociale, les distances corporelles et les codes du mariage ont pour conséquence la frustration sexuelle de certains hommes, qui laissent exprimer leurs désirs dans les nombreux sex-shops et clubs de striptease de la ville. Leur trip ce sont les lolitas kawaii : les femmes enfants coquines.
Des adolescentes se font leur argent de poche en refilant leurs petites culottes usagées, qui sont revendues dans des distributeurs automatiques !


Au pays des candides

Lolita japonaise


Les lolitas japonaises peuvent apparaître sous nos yeux occidentaux comme nunuches et complètement barrées.

Mais si leur style est si extrême et anticonformiste, ce n’est pas sans raison.

Lolita japonaise


Se créer son mode d’expression (sweet, gothic, punk, hime, country lolita; il en existe des tas de styles) pour repousser l’âge adulte et l’enfermement d’une vie où la réalisation de soi ne sera plus possible… Dans la société japonaise, une femme est sensée arrêter de travailler dès qu’elle devient mère. Les femmes qui décident de ne pas se marier à l’âge conventionnel, afin de poursuivre leurs études et développer leur carrière, font peur et peinent à trouver l’âme sœur. Les japonaises en sont rendues à louer un petit ami pour vivre, l’espace d’une journée ou d’une soirée, un ersatz de relation.
Triste.


ON CONNAIT LE RESPECT QUE LES SOCIÉTÉS ASIATIQUES PORTENT AUX ANCIENS. QU’EN EST-IL AU PAYS DU SOLEIL LEVANT ?
Auparavant, les grands parents éduquaient les petits enfants donc restaient dans la maison familiale, mais cela a tendance à changer. Il faut savoir que les deux tiers des SDF à Tokyo sont des personnes de plus de 70 ans. Il n’y a pas de jeunes dormant dans la rue. Je le sais pour l’avoir constaté. Cela m’a tellement brisé le cœur que j’ai commencé à organiser des distributions de repas gratuits dans divers quartiers de la ville. Ce sont eux qui me donnent le plus : la gratitude dans leurs yeux est si immense que je repars à chaque fois le cœur gonflé de bonheur.

Après 50 ans, un homme ou une femme sans famille, qui a perdu son travail et qui n’a pas eu la chance d’épargner suffisamment, n’a pas la possibilité de rebondir, dans cette société d’ultra productivité où la performance est reine. Il n’intéresse plus personne. Il existe un système de retraite mais tellement minime que cela ne suffit pas. Il n’est pas rare qu’à la supérette ce soit un papi de 80 ans qui te serve.

Les Japonais ont beaucoup tendance à considérer que si quelqu’un se trouve dans la rue, cela relève pour beaucoup de la responsabilité individuelle.

De plus, l'harmonie sociale doit être préservée, il ne faut pas soutenir ceux qui créent du désordre, de peur d'être soi-même rejeté.

Mélanie Hours, maître de conférences à l’université Toulouse Jean Jaurès et spécialiste des problèmes de pauvreté au Japon.

Un SDF à Tokyo


QUE TROUVES TU LA-BAS, QUE TU NE TROUVES PAS A PARIS ?
D’abord, le service et la qualité de vie. Si tu as de l’argent tu profites d’une qualité de vie supérieure qu'à Paris. Tout est propre, le métro n’est jamais en retard, les magasins ferment tard. Difficile de se réadapter au retour !

Ensuite, la nourriture. On y trouve de tout.

« Tokyo est la Mecque de la gastronomie, il y a davantage de chefs étoilés du Michelin qu'à Paris».

Ryoichi Matsuyama

En 2017, 12 restaurants de Tokyo ont remporté trois étoiles, 52 les deux étoiles, et 161 une seule. Et Osaka a la 2eme place.

Hideki Ishikawa

Hideki Ishikawa, le chef du restaurant 3 étoiles Ishikawa

En revanche la cuisine n’est pas la plus créative. Ils sont trop bridés dans leur travail pour pouvoir innover; il s’agit de respecter les règles. En revanche, ils veulent apprendre chez les meilleurs. Offrez un séjour d’étude culinaire en France à un chef japonais, il repartira chez lui avec une recette qu’il reproduira minutieusement, avec les meilleurs produits qu’il puisse trouver. En somme, ce sont d’excellents exécutants.

Junichi Iida

Et enfin, il y a le sport. Ce ne sont pas des grand performers mais tout le monde fait du sport. C’est inclus dans leur mode de vie, assez « healthy » même au niveau nourriture. Il existe plus de clubs de sport à Tokyo qu’à Paris ! Et bien que le Japon véhicule chez nous l’image du pays des arts martiaux, le sport national est le baseball. Tous les samedis, ce sont 120 000 personnes qui remplissent le Tokyo Dome pour voir un match de yakyû. Il y a des magasins de base-ball partout dans la ville.

Base ball au Japon
Tokyo Dome
Japon

Le foot vient en seconde place, depuis l’engouement crée par la Coupe du monde en 2002.

QUELLE SERAIT POUR TOI LA DIFFERENCE FONDAMENTALE ENTRE LES JAPONAIS ET LES FRANÇAIS ?
La structure de la société : elle passe avant l’individu. Il est d’ailleurs extrêmement difficile pour un japonais ayant vécu en Europe de réintégrer le « moule » de son pays car il a goûté à une liberté qu’il ne retrouvera pas.

Eriko Nakamura

Et un gaijin, un étranger, ne pourra jamais complètement s’y adapter. Quelqu’un de normal ne pourra pas rentrer dans le moule japonais. Pour t’y faire rentrer, on va t’écraser. Et si tu es un minimum structuré, tu ne pourras pas rentrer dedans.


Y A-T-IL DES DIFFERENCES DE COMPORTEMENT ENTRE LES REGIONS ?
Oui. Les différences les plus marquées sont entre le centre, le nord et le sud. Tokyo, c’est comme Paris en plus fermé, mais avec des habitants beaucoup plus sympas lol
Osaka est plus petite. C’est une ville qui de par son passé a eu plus de contacts avec les étrangers. Ce sont des commerçants, ils sont plus ouverts, plus sociables. Plus bronzés et grande gueule aussi… Ce sont les marseillais japonais lol

Osaka
osaka

Les îles se distinguent également. A Okinawa, on sent nettement l’influence chinoise, notamment dans la cuisine et l’architecture. La population est très accueillante. Hokkaido, au nord, a un climat plus froid (il peut y faire jusqu’à -20,-30 degrés). C’est une population de pêcheurs, donc plus rude mais aussi très ouverte. Ce sont les canadiens japonais. Un peu rugueux mais sympas.

japon

Kyoto c’est un musée grand format, le Japon de façade. Le tourisme y fausse les relations, qui se font sur un mode monétaire. Partir à Kyoto en pensant visiter le Japon, c’est comme visiter le Louvre et penser découvrir Paris. C’est le Disneyland du Japon ancien (portes en papyrus, femmes en kimono), pas celui d’aujourd’hui. 100% clichés nippons. C’est joli, mais dès que tu sors du circuit touristique il n'y a rien.

Kyoto

Attention : Si l'habit ne fait pas le moine, à Kyoto, l'Obi ne fait pas la Geïsha...

Kyoto


QUELS SONT TES SITES COUP DE CŒUR ?
En trip urbain : Tokyo et Osaka. Les deux villes sont géniales, dans des styles différents. Tu peux passer 10 jours à découvrir Tokyo. Encore maintenant j’y découvre des choses. Chacun de ses 10 quartiers fait le quart de Paris. J’adore le quartier Shinjuku. Il est très animé.

Shibuya crossing

Shibuya crossing, le Times Square japonais. Jusqu'à 3000 personnes peuvent se croiser dans ce carrefour piéton.

En coup de cœur nature sauvage, sans hésitation, l’île d’Hokkaido. Ce sont de grandes forêts avec même des ours ! C’est le Canada japonais. C’est là-bas que se trouvent tous les spots de ski du pays.

Hokkaido

Noboriebtsu bear park

NOTE – Les ours du Noboriebtsu bear park à Hokkaido

Hokkaido

Okinawa est sympa pour le côté île paradisiaque. De plus, il est rare d’y croiser des étrangers, elle est relativement méconnue des européens. Donc elle n’est pas dénaturée par des cars de touristes. Les gens sont souvent hallucinés de découvrir ses plages.

Okinawa

Okinawa,

c’est Tahiti.

Okinawa
Okinawa

 

Paradis (presque) éternel

Okinawa est connue pour la longévité de ses habitants. Elle détient la plus longue espérance de vie (surtout pour les femmes) et le plus grand nombre de centenaires à l’échelle de la planète. Ils semblent épargnés par les maladies dégénératives, grâce à une activité physique de peu d’intensité, mais constante.
Le régime alimentaire moyen d'un Okinawaan de plus de 70 ans comprend beaucoup de poissons gras, riches en oméga-3. L’île bénéficie d’une mer prolifique, grâce à l’abondance de plancton brassé par différents courants marins, chauds et froids, qui alimentent les poissons. Il en résulte poissons, coquillages, crustacés et algues en quantité, et en qualité, dont bénéficie tout l’archipel.
Ils consomment peu de viande et de produits laitiers mais beaucoup de soja (les plus gros consommateurs au monde) sous forme notamment de tofu, des fruits (bananes, ananas, papayes et fruits de la passion)  et des super aliments qui souvent ne se trouvent que là-bas : le goya champuru , un concombre riche en vitamines, des algues (nori, kombu, wakamé, hijiki), et le shiitaké, un champignon miracle.
Ils font attention à ne pas manger trop, mais juste à leur faim, voire à la limite. Sans surprise, peu de cigarette et d’alcool.

goya

Les Okinawaan cuisinent le goya avec des aliments qui permettent d’atténuer son goût amer.

Shiitake

Le Shiitake ou Lentin du Chêne, contient énormément de vitamines et de minéraux. Il est riche en fibres, en selenium, en cuivre. On le trouve en Europe, sous forme séchée (à laisser tremper quelques minutes dans l'eau pour les laisser gonfler) ou en gélules.

Sinon plus précisément, j’aime beaucoup LaQua à Tokyo. C’est un des plus grands onsen du pays. Il est très classe, moderne, tout en gardant le côté traditionnel. C’est entre le spa et le onsen. Il a des bains extérieurs, un service de soins du corps, des chaises longues, la télé, des toboggans pour les enfants. On peut s’y faire masser, y dormir (il ouvre de 11h à 9h le lendemain matin, toute l’année). C’est d’ailleurs là que finissent les cadres alcoolisés ayant loupé le dernier train lol

Onsen
Onsen Laqua

Onsen

Les onsens, parfaits pour se nettoyer le corps et l'esprit.

Onsen

Attention, si vous êtes tatoué, l’accès vous sera interdit. Un petit tatouage reste acceptable mais les plus gros sont rédhibitoires. Cela fut mis en place pour interdire l’accès aux Yakuzas, mais la règle est la même pour tout le monde. Ce sera également le cas sur toutes les plages publiques du pays (si sous surveillance donc pas de souci à Okinawa), et dans les salles de sport (t-shirt manches longues obligatoires si tatouage au bras).


Au Japon, même le crime est codifié à l’excès

Yakusas

Les yakuzas sont les membres des clans mafieux japonais, contrôlant le trafic de drogue, la prostitution, le racket, l’usure et les jeux d’argent. Ils furent même utilisés comme hommes de main du gouvernement et par certaines entreprises pour assurer la tranquillité des réunions syndicales, briser les grèves, intimider des opposants politiques. Une forme de dissuasion aujourd’hui illégale.

Les Japonais préfèrent avoir un crime bien organisé que le crime désorganisé.

Jake Adelstein

Yakusas


Le nouvel arrivant doit prouver sa fidélité au chef,
l’Oyabun, lors d’un rituel très cérémonieux.
Les tatouages (irezumi), qui diffèrent selon le clan, sont irréversibles car l’encre est insérée sous la peau par des aiguilles. Chaque nouveau membre doit respecter 9 commandements, auquel cas il devra se couper lui-même un doigt (
Yubitsume) en signe de repentance.

1- Tu n'offenseras pas les bons citoyens.
2- Tu ne prendras pas la femme du voisin.
3. Tu ne voleras pas l'organisation.
4. Tu ne te drogueras pas.
5. Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.
6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.
7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque.
8. En prison tu ne diras rien.
9. Il n'est pas permis de tuer une personne ne faisant pas partie de la pègre.

Cette organisation descend des Machi-Yakko («serviteurs des villes»), milices dont le rôle premier était de défendre la population face aux attaques de samouraïs sans maître. Ils se professionnalisèrent ensuite dans différents secteurs d’activité douteux (jeux d’argent et commerces).
Même si leur popularité a fortement baissé ces derniers années, dû à des affaires douteuses touchant la politique, leur code d’honneur, leur respect de citoyens et leur fonction aidant à maintenir les formes de délinquance non liées à des vices librement consentis, leur permettent une intégration dans la société, difficilement imaginable dans nos esprits occidentaux.
Ils ont même leur festival à Tokyo (dans le quartier d‘Asakuza), le Sanja Matsuri, le 3ème week-end du mois de mai.
Hallucinant !

Pour en savoir plus sur les yakuzas, lisez l'excellent Tokyo Vice de Jake Adelstein.
Tokyo Vice

 

Mon temple préféré est sans aucun doute celui d’Asakusa. C’est le plus connu et le plus touristique.

Asakusa

Et bien sûr Kinkaku-ji, le Pavillon d’or à Kyoto. Un incontournable.

Kinkaku-ji

Les façades recouvertes de feuilles d’or du pavillon se reflètent dans les eaux calmes du bassin.

Les fans de temples se régaleront à Kamakura : il y en a 5, datant du 12ème siècle. C’est à 40 min en train de Tokyo. En plus il y a la plage.

Kamakura

Le grand bouddha Amitabha à Kamakura.

Le pays foisonne de jardins magnifiques, mais j’apprécie particulièrement celui de Korakuen, le plus vieux du pays. Il se visite rapidement, il n’est pas très grand. Que ce soit en automne, quand il se pare de couleurs orangées, ou au printemps, lorsque les sakuras s’épanouissent dans des pastels roses et blancs, ce trésor du patrimoine japonais est un endroit idéal pour se laisser aller à une sieste contemplatif, avant de pénétrer de nouveau dans l’ultra moderne et foisonnante Tokyo.

Korakuen

C’est presque émouvant

tellement c’est beau.

Korakuen


Pas de doute, les japonais sont vraiment forts Côté jardin.

Korakuen

Le parc Ueno de Tokyo est sympa parce qu’il comprend aussi un zoo, des musées et des temples. C’est le plus grand. Tu vois les photos d’allées bordées de sakuras en fleurs au printemps sur internet ? Et bien c’est là.

Le parc Ueno de Tokyo
Parc Ueno
Parc Ueno
Parc Ueno
Parc Ueno

Beauté éphémère et dualité de la nature 

Hokusai


Difficile de trouver un pays détenant un culte de la nature plus avancé… et plus maîtrisé. C’est que les pauvres n’ont pas le choix… Devant la multiplicité des risques naturels touchant leur archipel, les japonais sont devenus artistes, et philosophes. La beauté est éphémère et fugitive (à l’image des sakuras qui ne fleurissent que quelques jours par an), il faut en profiter, et créer des espaces où la nature puisse démontrer toute la force de sa féerie et de son enchantement, entre « le sauvage et l’artifice » –
 ce qui explique leur maîtrise de l’art du jardin – car elle peut aussi se montrer terrible et destructrice : séismes, éruptions volcaniques, tsunami, typhons, déluges, chutes de neige abondantes, inondations, glissements de terrain, coulées de boue.  Il n’est pas un cataclysme qui ne soit épargné aux japonais.
Mais alors pourquoi restent-ils ?!
Parce que certaines catastrophes, avec leur lot de douleur et de souffrance, apportent également quelques bienfaits. Qui dit volcans dit terre fertiles et sources d’eau chaude, qui dit fortes pluies, dit irrigation des rizières, qui dit tsunami, dit abondance de poissons.
Une dualité que les japonais ont bien comprise, et qui se ressent au plus profond de leur culture (cf Godzilla ou Princess Mononoke), qui expriment leur relation à la nature.


QUELLES SONT LES MEILLEURS SAISONS POUR Y ALLER ?
Le printemps bien sûr, lorsque les cerisiers fleurissent. En automne les parcs et jardins du pays revêtent également de superbes couleurs. La saisonnalité dépend aussi de la région. Hokkaido enneigée en hiver c’est juste magnifique... En tout cas il ne faut surtout pas y aller du mois d’août à fin septembre, à moins de vouloir crever de chaud et subir un typhon !

UNE ANECDOTE A PARTAGER ?
Pour retenir une table au Starbuck pendant que tu fais la queue pour ta commande, tu déposes sur un siège ton portefeuille ou ton portable. C’est ce que j’ai fait, sauf que je l’ai oublié en partant. J’y suis retourné : on me l’avait mis de coté… évidemment. Si tu fais la même chose à Paris, tu es mal barré !
Une autre : il existe un magasin à Tokyo qui s’appelle Don Quijote. C’est comme une Foire Fouille mais à la sauce nippone. Tu y trouves de tout mais vraiment… de tout ! Les Rolex et costumes pour enfants y côtoient des sex toys assez étonnants, comme le Shikuru, un « instrument de plaisir solitaire masculin » avec options. Je n'en dirai pas plus.

Asakusa
Don Quijote
Don quijote

 

 

Si tu veux avoir l’air d’un homard, à Don quijote, c’est possible.


DES CONSEILS AUX FUTURS VOYAGEURS ?
En premier lieu, je dirais achetez une carte data à votre arrivée, à l’aéroport ou dans les magasins Big Camera. Il est interdit d’utiliser un autre numéro de téléphone que le sien la-bas, donc d’acheter une carte sim. De toute façon, ca vous coûterait une blinde en data. De plus, étonnamment, le wifi fonctionne mal dans la ville, ou est payant. Là, pour 25 € vous aurez accès à internet partout, ce qui vous sera utile pour communiquer et surtout vous repérer avec Google map ou autre appli de navigation. Il faut savoir qu’il peut être difficile de se repérer (même de l’avis des japonais) à Tokyo. En plus la 4G dépote là bas.

Big camera


A part sur les grands axes, les rues n’ont pas de nom au Japon. Une adresse se base sur une zone géographique. Pour trouver votre destination, ne recherchez pas une adresse mais le nom du bâtiment. Un casse tête, même pour les japonais.

Attention, il est interdit de fumer dans la rue, depuis qu’un mégot a brûlé l’œil d’un enfant. En revanche c’est autorisé dans les restaurants.
Il est également mal vu de manger dans la rue et de se moucher le nez en public.

A Kyoto, louez un vélo électrique ou une voiture car la distance à pied est longue d’un temple à un autre.
Ne soyez pas surpris, les stations de métro tokyoïtes peuvent être énormes, genre 2 fois Châtelet Les Halles.

 

Vous envisagez un séjour au Japon ?

Jetez un coup d’œil la dessus :

 

www.enjoymyjapan

L’office du tourisme nippon a mis en place une expérience web super bien foutue. Après avoir choisi plusieurs options du style : art traditionnel ou art moderne, itinéraires organisés ou nature sauvage, le site vous propose une vidéo de votre futur voyage. Nul besoin de ça pour avoir envie de visiter le pays mais cela préfigure assez bien l’expérience. Décidément le Japon met le paquet pour développer son tourisme.

www.visitokinawa

Des images fabuleuses d’un Japon assez méconnu : celui des îles du Pacifique.

Fabien dirige une salle de MMA (Mixed Martial Arts) à Paris.
Que ce soit pour un objectif de préparation au combat ou pour du renforcement musculaire, vous y allez quand vous voulez, en entrainement de groupe ou en format cours particuliers si vous préférez.
Ca fait mal, ca transpire, mais ca muscle grave. Les filles comme les garçons.

Natural Born Fighters
Natural Born Fighters
Natural Born Fighters

 

Only in Japan…..

Comme une impression d'être tombé dans le terrier du lapin blanc d'Alice...

Lolita japonaise
Japon
Japon
Japon
Japon
Japon
Métro japonais
Nara
Jigokudani Monkey park

Okayama

La lumière bioluminescente des lucioles de mer (Vargula hilgendorfii) à Okayama.  ©Trevor Williams and Jonathan Galione

Sakuras
Kussharo Lake
Avis pro Japon

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