Province du Gauteng
Plongée au cœur de l’Afrique de Mandela et de Johnny Clegg, vibrante, révoltée, authentique, tribale.
Le foyer de la lutte.
Johannesburg
La capitale économique. Sans doute le « Cruel » de « Crazy, cruel, beautiful world » de Johnny Clegg…. Même en oubliant son taux de criminalité record, la grande ville a peu d’attraits touristiques, hormis Le Musée de l’apartheid, qui retrace les grandes heures de la lutte des noirs sud-africains.
Une visite éprouvante, faite pour se mettre dans la peau d’un blanc ou d’un noir de l’époque, avec ses entrées distinctives selon la couleur de la peau. Un malaise nécessaire pour contextualiser votre visite.
Adresse. Apartheid Museum, Northern Park Way and Gold Reef Rd, Johannesburg, 200
Pour en savoir plus sur l’apartheid, c’est par ici
Soweto, l’Afrique de Mandela, le cœur de la lutte
A l’inverse de Joburg, Soweto, en banlieue ouest de la ville, conserve une authenticité particulière.
Le South West Township de Joburg fut crée en 1951 pour « parquer » la population noire. C’est ici que vécurent 2 prix Nobel de la Paix : Desmond Tutu et Mandela.
Et c’est ici que le combat commençât…
Baraques en tôle côtoient maisons en brique, et belles bagnoles.
Royaume de la tôle colorée, la ville possède une esthétique particulière.
Même si je ne m’y serais pas baladée seule le soir, j’ai appréciée d’être au plus près de cette Afrique du Sud plus « africaine », plus vibrante, enfin.
L’impression d’arriver à destination.
Pauvreté oui, mais aussi sourires, décalages, couleurs, vibrance.
Les Orlando Towers, tours de refroidissement de la centrale, servent aujourd’hui aux amateurs de sports extrêmes (saut à l’élastique, tyrolienne).
Il s’est passé beaucoup de choses à Soweto, les âmes ont souffert, s’y sont révoltées, des combats ont été menés.
Il y règne une force, une énergie et surtout une mémoire, grâce notamment au Musée Hector Pieterson, qui replace le visiteur dans le véritable contexte du pays.
Le musée Hector Pieterson, pour comprendre la douleur des townships
Soweto, lieu de résidence des Mandela (Winnie a continué d’y habiter après l’arrestation de son mari), fut le cœur bouillonnant de la population noire opprimée. Théâtre de nombreuses émeutes, il s’est révolté au rythme des injustices.
16 juin 1976.
Le gouvernement décide d’imposer la langue afrikans aux étudiants des townships. Après les résultats scolaires catastrophiques du premier semestre, 10 000 étudiants et écoliers de Soweto décident de manifester leur désaccord en défilant dans la rue, scandant des slogans et jetant des livres. Des gosses en colère qui défendent leur avenir et leur éducation, mais qui n’imaginent pas alors la réponse sanglante du gouvernement : 566 personnes sont tués, dont le jeune Hector Pieterson, 12 ans, qui accompagnait sa sœur. Sa photo fera le tour du monde et deviendra un symbole de la répression anti-apartheid.
Depuis ce jour, il n'y avait pas de paix à Soweto. Le lendemain, nous avons brûlé tout ce qui appartenait au gouvernement de l'apartheid et nous n'avons pas été à l'école de l'année. Ca s’est propagé de Soweto jusqu'à Cape Town, partout en Afrique du Sud.
Mais il faudra encore 15 ans pour que celui-ci soit aboli.
A la suite de cet événement, Nelson Mandela, alors emprisonné à Robben Island, est placé à l’isolement sans possibilité de s’informer.
Le musée Hector Pieterson de Soweto, inauguré en 2002 par Mandela à la date d’anniversaire de la mort du petit Hector, relate les événements.
Adresse. Hector Pieterson Museum. 8287 Khumalo Rd, Orlando West, Johannesburg, 1804
Les shebeens, authentiques et conviviaux
Soweto est l’endroit idéal pour se plonger dans l’ambiance des shebeen, ces bars des townships où vibraient la musique, la danse, aussi bien que la contestation et les idées.
Durant l’apartheid ces bars illégaux (le mot vient de l’irlandais « síbín » signifiant "whisky illicite") vendant de l’alcool fait maison dans la cuisine de la patronne, la « shebeen queen », étaient les seuls lieux de convivialité accessibles à la population noire, les autres bars étant réservés aux européens.
Ils devinrent naturellement le QG des activistes anti-apartheid, et artistes Sud -Africains Noirs. Lieu de culture vivante, de communautés, d’idées, où (sur)vivaient les identités, malgré les interdictions. Dès que la police arrivait, ils se transformaient comme par enchantement en salon privé. Et s’ils étaient fermés, ils rouvraient dans la foulée.
Le shebeen le plus connu de Soweto est celui de Alina, une femme à poigne qui a monté son affaire toute seule. Elle joue bien évidemment le jeu touristique, mais franchement tant mieux, car le spectacle de danse zulu devant le restau est formidable. Les danseurs – petits et grands, hommes et femmes – se donnent à fond dans leurs chorégraphies parfois acrobatiques et oh combien puissantes.
Au final, on chante sur le sol ; sur la conclusion de la chorégraphie. Elle signifie aussi la mort. On ne sait pas qui est mort : le danseur ou l’ennemi symbolisé par la chute ? Tout ce qu’on sait, c’est que la mort est présente à la fin de cette lutte. Et que tous les danseurs tombent en arrière.
Johnny Clegg
On y mange très bien, assis à de grandes tablées conviviales, entre posters de Mandela et tags colorés au mur.
Où ? Chez Alina : 3373 Masemola Street | Dobsonville, Soweto
La Mandela House
La famille Mandela y vécut 16 ans, de 1946 – soit 2 ans après que l’apartheid soit institué – à 1962, lorsqu'il fut arrêté pour être jugé à Pretoria.
La modeste maison devient musée en 1977.
C'était le contraire de grand, mais c'était ma première vraie maison et j'ai été très fier. Un homme n'est pas un homme tant qu'il n'a pas sa maison.
Mandela.
Le Soweto Gospel Choir
Soweto possède une chorale magnifique constituée de 26 artistes ayant collaboré avec de nombreux artistes internationaux comme Pharell Williams, Angelique Kidjo,
...mais aussi Queen, Bono, Eurythmics, Peter Gabriel, Amy Winehouse, Jimmy Cliff, Josh Groban, Aretha Franklin, Stevie Wonder, Alicia Keyes, Queen Latifa, Eddie Grant, Wyclef Jean, et Céline Dion.
Leur interprétation d’Asimbonanga donne des frissons.
Saviez-vous ?
Sun City, le Las Vegas africain
Si vous recherchez l’authenticité africaine vous allez être déçus. Sun City c’est un complexe réunissant parcs d’attraction, casinos, hôtels de luxe, cinémas, parcours de golf, un théâtre, une salle de spectacle, un centre de remise en forme et une ferme de crocodile. A 2h de route de Joburg.
Le site a accueilli le concours de Miss Monde, et, doté de la plus salle de concert d’Afrique, de nombreux grands artistes mondiaux* du temps de l’apartheid, au détriment du boycott culturel décrété par les Nations unies.
S’en sortent grandis :
Bruce Springsteen, Bono, Peter Gabriel, Bob Dylan, Ringo Starr, Lou Reed, Miles Davis, ayant refusé de s’y produire et participé à l’album « Artists United Against Apartheid », qui ont refusé de s'y produire.
Au contraire de :
Frank Sinatra, Ray Charles ( !!!!), Liza Minnelli, Julio Iglesias, Cher, Rod Stewart, les Beach Boys, Elton John, Queen, et même Nana Mouskouri (a t-elle osé « chanter la liberté » la bas ?!!). Big Money is big Money…
Bien sûr, Johnny Clegg a toujours refusé de s’y produire.
L’album United Artists Against Apartheid dénonce en 1985 le système politique Sud-Africain et Sun city. Font partie (entre autres) du collectif : Bob Dylan, Pat Benatar, Ringo Starr, Lou Reed, Run-DMC, Peter Gabriel, Bobby Womack, Bono, George Clinton, Keith Richards, Jimmy Cliff.