Petite sélection d’œuvres littéraires, filmographiques et musicales, pour mieux appréhender la ville.
En mots
Les désenchantées : Roman des harems turcs contemporains – Pierre Loti
Se plonger dans ce texte de ce Loti peut être de prime abord assez difficile. Les longues – et parfois lourdes – descriptions, n’aident pas à pénétrer le récit. Mais au fur et à mesure que les personnages se découvrent et que le décor de Constantinople est planté, la poésie imprègne le lecteur. La lenteur du texte épouse l’histoire : celle de la vie des femmes turques au début du 20eme siècle, cloisonnées par les règles du harem. Perdues dans une vie faite de vacuité et d’ennuis, elles pleurent leurs rêves inaccessibles auprès du seul homme qui puisse les écouter : un écrivain français – un occidental, qui devient peu à peu leur confident et ami. Elles brûlent d’être écoutées, de dévoiler leurs âmes, dans un monde où elles ne servent que de poupées et où leurs vies sont dirigées par la seule décision des hommes.
Donc, on nous marie sans notre aveu, comme des brebis ou des pouliches.
Votre existence à vous, si colorée, si palpitante, vous permet-elle de concevoir les nôtres, si pâles, faites d’ans qui se traînent sans laisser de souvenirs. D’avance, nous savons toujours ce que demain nous apportera – rien. Nous vivons des jours gris perles, ouatés d’un éternel duvet qui nous donne la nostalgie des cailloux et des épines.
Puis, après, se trouver jolie, dans le miroir d’argent, se trouver jeune, charmante, et en être attristée.
Mais il existe une histoire dans l’histoire… cet écrivain c’est bien Pierre Loti lui-même, qui, « piégé » par une journaliste française défendant la cause féministe – Marie Léra, racontera ses rendez vous secrets dans le Stamboul de 1904 avec deux authentiques femmes turques, Zennour et Nouryé Noury-Bey, et Marie Léra, alias Leyla, qui se fait passer pour une des leurs, sous son voile noir.
Pierre Loti est alors idolâtré par les femmes turques, depuis la parution de son roman Ayizadé, décrivant les amours entre un officier de marine européen et une jeune femme cloîtrée dans le harem d’un vieux Turc. La journaliste française et ses deux amies turques, par leur stratagème, souhaitent lui faire écrire la suite d'Ayizadé, décrivant la condition des femmes turques.
Loti ne saura jamais que se cachait derrière l’une de ces femmes une française, puisque 10 ans après sa mort, Marie Léra – sous pseudonyme – révélera dans le Figaro l’histoire de cette supercherie :
D'abord nous lui écrivîmes pour le simple plaisir de lui écrire, pour lui révéler la musulmane de Turquie, moderne, cultivée, malheureuse. Mais peu à peu le désir nous vint que Iui il fît connaître au monde la paradoxale et douloureuse condition des jeunes femmes turques du vingtième siècle.
Par nous il connaîtrait ces vies fermées, souvent tragiques; il saurait les traditions, il pénétrerait en esprit dans ces demeures inaccessibles à un Européen.
Nos lettres furent écrites avec ferveur, avec sincérité, parfois avec des larmes. Car si nous avons fait vivre à Loti un roman, nous l'avons aussi vécu.
La mort d’une des femmes, Djénane, relatée dans le texte, est fausse, imaginée par les 3 femmes pour mettre fin à leurs échanges avec l’écrivain. Pierre Loti reçu un faire-part officiel de sa mort….
Le roman sera un succès et mettra en lumière les conditions de vie de ces femmes.
L’architecte du sultan – Elif Shafak
Entre histoire et fiction, l’auteur situe son roman pendant une période de constructions majeures, et traite à travers celle-ci de la personnalité du grand architecte d’Istanbul, Sinan. Un homme simple, perfectionniste et passionné.
Minuit au Pera palace : la naissance d’Istanbul – Charles King
Le titre peut induire en erreur : le roman n’est pas centré sur l’histoire du Pera Palace, mais sur Constantinople pendant la 2ème guerre mondiale : la future Istanbul. Tenaillée entre occident et orient, la ville vit ses heures sombres avant l’émergence de la nouvelle République turque.
Elle devient une plaque tournante de l’espionnage, de la géopolitique.
Istanbul à l’écran
Les films à voir ou à revoir avant de partir
Bons baisers de Russie, James bond (1963)
de Terence Youn, avec Sean Connery, Daniela Blanchi
Le décor mystérieux de la citerne basilique s’adapte parfaitement à l’univers du plus célèbre des agents secrets, et à ses tours de cache cache classy.
Skyfall (2012)
De Sam Mendes, avec Daniel Craig, Ralph Fiennes, Javier Bardem, Judi Dench
Daniel a mis les toits du Grand Bazar sans dessus dessous pour tourner les plus belles scènes du film.
Le moteur de sa moto vrombissant dans les ruelles du bazar, il se lance dans la plus ottomane de ses courses poursuite.
Kedi – Des chats et des hommes (2017)
De Ceyda Torun
Cette plongée dans le quotidien des chats de la ville apporte une touche de douceur et de poésie à Istanbul la trépidante.
On apprend que les stambouliotes peuvent être très attachés à leurs chats, qui n'appartiennent à personne, mais à tous.
Muhtesem yuzyil Kosem (2015-2017)
Le Siècle magnifique de Kosem
De Timur Savcı
Une série fleuve (chaque épisode fait 2.30/3h), au cœur des intrigues du palais, du temps du sultan Ahmet.
Casting au top (les actrices principales ont un charisme de fou!), costumes magnifiques, musiques envoûtantes, la série historique confirme le savoir faire audiovisuel turc, déja connu d'une partie du monde.
Seul hic, aucun sous-titrage français ou anglais n'est disponible sur les videos, mais peuvent se trouver sur internet ici.
Le générique symphonique de la série est tout simplement magnifique :
Istanbul en musique
Üsküdar'a gideriken, (version youtube de Tamil Taklamakan)
Cette chanson classique ottomane datant du sultanat d'Abdülmecit Ier, parle d’amour.
Lorsque m'en allant à Uskudar, j'ai trouvé un mouchoir
J'ai rempli le mouchoir de loukoums
Lorsque cherchant mon clerc, je l'ai trouvé à mes côtés
Le clerc m'appartient et je suis à lui, de quoi se mêlent les autres
Une chemise parfumée ira aussi à ravir à mon clerc
Marche pour la cérémonie des Turcs – Jean Baptiste Lully
Marche turque – Mozart
Istanbul – Dario Moreno
Si le chanteur de Si tu vas à Rio et de Quand Elle Danse chantait en français des airs d’opérette, et portait un nom de scène à la consonance italienne, il était en fait turc. L’air désuet et joyeux de ses chansons réchauffe les cœurs et nous parle d’une époque chérie, lumineuse et romantique.
Hoşçakal Kadar – Büyük Ev Ablukada
Arayan Bulur – Büyük Ev Ablukada
Evren Bozması – Büyük Ev Ablukada
Sandal – Yuzyuzeyken Konusuruz
Journey (Mahmut Orhan Remix) – Mark Eliyahu
Şehzade Mustafa. Zahit bizi tan eyleme – Bande originale de Muhtesem Yuzil Kosem
Harem‘ de Ilk Dans (First Dance in the Harem) – de Can Atilla
(Album Aşk-i Hürrem : L'amour de Hürrem)