Entre élégance sobre et raffinement extrême, rondeurs et volumes, or et azur, les mosquées de la ville sont autant de joyaux où la splendeur du génie ottoman côtoie la poésie d’une architecture moderne, presque lyrique.
La mosquée de Soliman : la référence, à l’image du Magnifique
Rive européenne, quartier de Beyazit
Soliman se devait de marquer son empreinte par une mosquée dans la ville, qui rivalise avec Sainte Sophie.
Armé de son génial architecte, Mimar Sinan, il fût élever une mosquée sobre, élégante, digne de son charisme et de son raffinement.
Elle inspira toutes les futures mosquées de la ville.
Tandis que la lumière pénètre par ses 138 fenêtres, le son résonne dans ses dômes en cascades.
La plus belle des mosquées impériales (dite « selatin ») de la ville. C’est un grand honneur pour les muezzins d’y faire l’appel à la prière.
Quatre minarets, car Soliman était le quatrième sultan ottoman d'Istanbul, 10 balcons, parce qu’il est le dixième de la dynastie.
Les mausolées du sultan, de son épouse Roxelane (la sultane Hürrem) et de Mimar Sinan l'architecte, fermés au public, se trouvent dans le jardin.
Mimar Sinan repose à côté de l’un de ses chefs d’œuvre.
Sur sa tombe est écrit « Tout comme les étoiles, il créa nombre de merveilles tout au long de sa vie »
La site offre un superbe panorama sur la corne d’or, surtout au coucher du soleil.
Le meilleur moment pour y aller. Tous les jours de 9h à 18h. Discrétion, port du voile et tenue correcte pendant l’heure de la prière.
Budget. Gratuit
#SüleymaniyeCamii
La Mosquée bleue, la belle ottomane
Rive européenne, quartier Sultanahmet
La « Sultanahmet Camii », de son véritable nom, est une splendeur architecturale ottomane, érigée au 17ème siècle par Ahmet Ier, le même qui donna son nom au quartier si familier des touristes.
Si elle se situe en face de Sainte Sophie, ce n’est pas un hasard. Ahmet souhaitait démontrer la capacité des ottomans à rivaliser avec les architectes byzantins. Il réussit, mais mourut peu de temps après la fin de sa construction. Il repose dans un mausolée à proximité.
Pour en savoir plus sur le sultan Ahmed et la passionnante série télévisée qui lui consacrée, c’est par ici.
La Mosquée Bleue est dénommée ainsi en Europe pour la couleur dominante de ses céramiques, mais ce nom n'évoquera pas grand-chose aux turcs. Si vous leur demandez votre chemin (« Where is the Blue mosque ?!»), peu comprendront de quoi vous parlez.
La couleur bleue saphir de ses 20 000 carreaux de faïence, inspirée de la porcelaine chinoise, est complétée par des motifs végétaux ou abstraits d’un vert sauge et d’un rouge couleur sang.
Son architecture classiquement ottomane a servi de modèles aux mosquées suivantes.
Ses dômes semblent s’enchevêtrer les uns dans les autres, en harmonie et en rondeur. Toute de clarté.
Son apparente simplicité relève d’une véritable science architecturale.
Un lieu paisible où il fait bon se recueillir et se reposer entre deux visites.
Comme dans toutes les mosquées, la partie centrale est réservée aux hommes, même en dehors des prières.
Chacun doit ôter ses chaussures avant de pénétrer à l'intérieur (des sacs plastiques sont disponibles à l’entrée).
Le meilleur moment pour y aller. De préférence tôt le matin, ou tard. Pendant les prières les touristes ne sont pas autorisés, mais vous pourrez aisément rentrer en vous couvrant la tête (pour les femmes), et en portant bien sûr une tenue descente. Si vous êtes assez discret pour respecter les personnes en prière, pas de culpabilité à avoir : de nombreux pratiquants en profitent également pour faire des photos, pendant que le touriste discipliné attend son tour dehors... La porte d’entrée ouest est la plus richement décorée.
Budget. Gratuit. C’est un lieu de culte.
#SultanAhmetCamii
La Mosquée Şakirin :
lorsque la tradition ottomane rencontre l'architecture moderne
Rive asiatique, quartier Karacaahmet
La seule mosquée dont l’intérieur à été conçue par une femme, l’architecte et designer Zeynep Fadillioglu.
De fait, on sent bien une sensibilité féminine dans les gouttelettes de verres du lustre, dans les teintes féeriques de turquoise, d’or et de rose orangé, dans les rondeurs en forme de coquillage du Mirhab, ou encore dans la luminosité du balcon, réservé aux femmes.
Moucharabiehs étoilés et gouttelettes d’eau, référence à une prière indiquant que la lumière d'Allah devrait tomber comme la pluie.
Si on peut encore sentir l’ancienne ferveur chrétienne dans l’enceinte imposante de Sainte Sophie, Saqirin immerge le visiteur dans la spiritualité musulmane. Le silence s’impose, les yeux grands ouverts sur chaque détail de ce lieu de recueillement, que je leur jalouserais presque.
La partie réservée aux femmes est moins isolée que dans la plupart des mosquées turques.
La fontaine centrale dans laquelle les minarets se reflètent, et le lustre en spirale d’où descendent des gouttelettes de verre. Pure poésie.
Le meilleur moment pour y aller. Située sur la rive asiatique, la mosquée Saqirin n’est pas un lieu très touristique. Le calme est encore plus important en dehors des heures de prières.
Budget. Entrée gratuite comme dans toutes les mosquées. Pour vous y rendre depuis la rive européenne, cela vous coûtera la traversée en bateau : 2€ + un taxi depuis l’embarcadère d’Usküdar : 4€ (20 lires)
NB
Connue pour savoir combiner l'Orient et l'Occident dans une élégance moderne, Zeynep Fadillioglu, a également conçu la brasserie Nisantasi Beymen, non loin du palais de Dolmabahce.
#sakirincamii
La mosquée de Rustem Pacha
Rive européenne, quartier Eminönü
Encore une oeuvre du grand architecte Sinan, commandée par Soliman pour son vizir et gendre Rustem Pacha.
Plus petite que la Suleymaniye (un Grand Vizir n’est pas un sultan), le déplacement vaut pour ses céramiques bleues et rouges d’Iznir.
L’entrée est assez difficile à trouver car pas très bien indiquée (je suis passée devant 2 fois avant de la trouver, également) et malheureusement pour moi la mosquée était en travaux.
Rüstem Pacha, de son vrai nom Damat Opukovich, était d’origine dalmatienne (aujourd’hui situé en Croatie).
Il est l’exemple des hautes positions que pouvait atteindre les enfants recrutés par le devchirmé (enfants chrétiens arrachés à leur famille par l’empire). Son grade, Grand Vizir, était le plus élevé car bras droit du sultan. Rustem était donc dans les bonnes grâces du couple royal, et surtout de intrigante et puissante sultane Roxelane, puisque Soliman lui fit épouser sa fille préférée Mihrimah (elle avait 17 ans, lui 39) et lui octroyât le poste de Grand Vizir à deux reprises.
Un homme puissant, très riche, qui devait aussi être très intelligent pour réussir à en arriver là… Cela vaut bien une mosquée en son honneur !
Rustem Pasha, représenté dans la série turque Muhteşem Yüzyıl.
La vérité est tout autre; il n’était pas réputé pour sa beauté, bien au contraire.